D’un refus à l’autre! 50 ans de refus!

Quelques événements récents, en apparence anodins ont fait remonter à ma mémoire une soirée gravée profondément, mais pourtant enfouie comme étant d’un temps révolu. Hélas, ce temps est bien moins révolu que nous pourrions le croire.

G2N2RIQUE

les dossiers de l’écran juin 67

Ces événements tournent autour de diverses anecdotes pathétiques des jeux Olympiques où l’on a vu des comportements déplacés d’athlètes Arabes envers leurs  alter ego Israéliens, (1)

648x415_gauche-or-sasson-droite-el-shehabyet puis et venue s’ajouter cette polémique dérisoire et stupide de ce chanteur tunisien pris en photo avec un officier de Tsahal.(2)

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chanteur tunisien photographié, Oh! scandale avec un officier Israélien!

Je me suis alors souvenu d’une émission de télévision célèbre, « Les dossiers de l’écran », d’Armand Jammot de juin 1967.

Quelque jours après la guerre des 6 jours, cette émission culte nous avait proposé autour du film « Exodus » un débat sur le conflit Israélo-arabe, et avait réuni pour cela des interlocuteurs Arabes et Israéliens.

Nous attendions une soirée exceptionnelle avec l’annonce d’un premier dialogue peut être amorcé grace à la télévision française.

Mais en introduction de l’émission, Armand Jammot, dans une de ses très rares apparitions télévisées, vint nous prévenir qu’il avait été impossible de réunir Egyptiens et Israéliens dans un même studio car les Arabes avaient refusé unanimement et catégoriquement de parler avec les interlocuteurs Israéliens, ils avaient même carrément refusé de s’assoir dans la même pièce.

L’impossible dialogue donna naissance à la sortie avec fracas du journaliste Israélien, Ben Porat, et d’Elie Wiesel, dans l’une de ses premières apparitions télévisées.

Cette soirée exceptionnelle, 2 semaines après la guerre des 6 jours nous avait scotchés devant le petit écran (en noir et blanc) et les arguments qu’ils avaient l’un et l’autre employés pour justifier leur départ résonnent encore aujourd’hui dans mon esprit comme si je les avais entendus la veille.

Leur constatation du refus des Arabes de s’adresser d’homme à homme aux Israéliens, le statut de « non-homme » qui leur était ainsi donné par cette incapacité des Arabes à regarder dans les yeux leurs adversaires avait frappé l’adolescent que j’étais. Et je crois que depuis cette époque, je n’ai eu de cesse que d’attendre que cette cécité des Arabes prenne un jour fin.

Comme tant de juifs de ma génération, nous avons cru que ce temps était arrivé au voyage de Sadate en Israël, puis aux accords de camps David, et même aux accords d’Oslo.

Ou plutôt, nous avons voulu y croire de toutes nos forces, sans complètement y croire, car dans les faits la haine des Arabes ne faisait que croître, leurs programmes éducatifs, leurs programmes de télévision, leur prêches, continuaient inlassablement à diaboliser les Israéliens, les Juifs et même lorsque les traités de paix étaient signés aucune pédagogie de réconciliation n’a été enseignée dans les écoles, dans les médias, et le Juif ou l’Israélien sont restés pour les foules arabes des ennemis qui devraient un jour ou l’autre disparaître. Reconnaître que la Paix ne peut se faire qu’entre individus qui se regardent et qui se respectent n’a jamais fait partie de l’Agenda des éducateurs arabes.

50 ans plus tard, il n’y a pas l’ombre d’un progrès en ce sens au niveau des peuples, et bien peu en ce qui concerne leurs dirigeants et leurs intellectuels.

Une dichotomie, irréparable à moyen terme, sépare le discours public destiné à l’Occident ou les collaborations sécuritaires dont on ne fait pas la publicité et ce qu’on laisse entendre aux peuples Arabes à savoir l’indécence de l’existence d’Israël. Cette schizophrénie permanente depuis 50 ans est la responsable des anecdotes auxquelles je faisais allusion, et de bien d’autres que je n’ai pas le temps de rapporter, tant la liste est longue.

L’émission dont je rappelle l’histoire montre de façon exemplaire qu’il n’y a aucun changement dans la vision que le monde arabe porte sur les Juifs et Israël.

Dans l’émission en exemple, l’un des interlocuteurs Egyptiens a même le toupet de présenter l’argument suivant:

« Pourquoi voulez-vous que je parle aux Israéliens, qui viennent de me battre? La France (de De Gaulle) allait elle parler avec Hitler après la capitulation de 1940? »

Il oublie seulement de dire que quelques jours plus tôt, ce n’était pas Israël qui initiait la guerre, mais Nasser, en imposant le blocus du détroit de Tiran, tandis que dans le même temps, le Syrien, auto proclamé chef de l’OLP, Ahmed Choukeiri promettait qu’il allait jeter TOUS les JUIFS à la mer!* Alors que bien évidemment, la comparaison qui s’imposait était l’Egypte et le monde arabe avec l’Allemagne nazie, et non le contraire!

La dialectique arabe est pleine de ces inversions de situation, ou le bourreau prend les habits de la victime!

C’est celui à qui l’on promet l’extermination que revient le droit de choisir éventuellement de ne pas parler avec son persécuteur…mais dans la pensée arabe, il serait normal que celui qui promettait d’exterminer s’arroge le droit de ne pas s’assoir avec celui qu’il avait menacé, au prétexte qu’il ne l’a pas massacré, comme promis? Comme si les dirigeants Nazis avaient refusé de s’assoir à Nuremberg mais y avaient convoqué les Juifs, au prétexte qu’ils étaient responsables de leur défaite!

Ainsi, malgré les traités de paix, les déclarations d’intention, les reconnaissances du bout des lèvres, l’ennemi reste un ennemi et rien n’est vraiment tenté pour que les peuples intègrent l’idée de réconciliation au point de devenir avides de la connaissance de l’ex-ennemi et qu’un courant touristique scelle une ère nouvelle de paix où les conflits antérieurs n’ont plus de sens.

Ainsi, voyager dans le même autobus, serrer la main, se faire photographier avec des Israéliens deviennent des actions qui condamnent les arabes qui se sentent alors piégés par leurs ex-ennemis resté de facto un ennemi toujours aussi détestable et infréquentable.

J’en ai fait personnellement l’expérience lors de conversations avec des Coptes Egyptiens et que j’ai eu droit à ce commentaire inouï que je livre tel que je l’ai reçu:  » Israël, c’est la source de tous nos malheurs! »

Dans le monde entier, sportifs ou artistes appartiennent  à des sphères hors du champ du politique, ils sont, au contraire, des « facilitateurs » de réconciliations, de rapprochements, qu’on se souviennent des pongistes, en Chine, sous Kissinger.

Le Monde arabe semble hermétique à ces espaces privilégiés de liberté, de neutralité, d’espérance et de fraternité.

Incapables de faire face à ses propres turpitudes, il voit le complot, le piège, la conspiration partout.

De 1967 à aujourd’hui, il n’y a pas eu le moindre commencement d’une réflexion positive concernant l’existence d’Israël ni le moindre examen de conscience de l’animosité coupable du monde arabe qui a, passivement (quand ce n’était pas activement avec le Mufti de Jérusalem et ses légions nazies ou en donnant refuge après guerre aux criminels nazis) pour le moins contribué à l’anéantissement d’un tiers de la population juive mondiale et expulsé tous les juifs habitants dans les pays arabes.

Triste monde qui ne sait pas écouter autrui. Tout à son rêve de supériorité, il est incapable de voir dans l’autre son semblable, de l’écouter et d’être en empathie avec lui.

Il n’y a aucun amour pour l’humanité, dans sa diversité, aucun respect pour la différence, l’objectif du monde arabo-musulman, tel un fascisme reste une humanité uniforme où la disparition du visage d’autrui empêche de le voir comme son semblable.

Comme je le disais dans un autre post, l’Islam a besoin de trouver son Levinas.

Ce commentaire de l’ancien grand Rabbin d’Angleterre, Jonathan Sacks fait écho aux propos que tenait Elie Wiesel lors de cette émission, 50 ans ont passé, et nous en sommes toujours au même point, peut être avons nous régressé :

« Listening lies at the very heart of relationship. It means that we are open to the other, that we respect him or her, that their perceptions and feelings matter to us. We give them permission to be honest, even if this means making ourselves vulnerable in so doing. A good parent listens to their child. A good employer listens to his or her workers. A good company listens to its customers or clients. A good leader listens to those he or she leads. Listening does not mean agreeing but it does mean caring. Listening is the climate in which love and respect grow.« 

Rabbi Jonathan Sacks, on Parasha Eikev

(1)http://www.lemonde.fr/jeux-olympiques-rio-2016/article/2016/08/12/jo-2016-un-judoka-egyptien-refuse-de-serrer-la-main-de-son-adversaire-israelien_4982082_4910444.html

http://tempsreel.nouvelobs.com/sport/jeux-olympiques-rio-2016/20160811.OBS6180/jo-2016-quand-les-sportifs-israeliens-sont-boycottes.html

(2)http://www.jpost.com/Arab-Israeli-Conflict/Tunisian-singer-sparks-internet-fury-after-photo-with-Israeli-officer-464895

 

*https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Ahmed_Choukairy&veaction=edit&section=0

« Son programme consistait alors, selon son expression, à « jeter les Juifs à la mer ». »

 

Ceux qui voudraient voir l’émission en entier peuvent me contacter à adamharishon@outlook.com

 

 

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